Rinne (Takashi Shimizu)
Dernier film visionné à la maison, Rinne de Takashi Shimizu, à qui l'on doit la flopée de "The Grudge" (6 en tout... enfin 5 et demi).
Le dada de Shimizu, depuis ses premiers films, c'est de boulverser un peu l'espace temps, de faire se rejoindre l'espace mental de la folie, de la rage, avec l'espace mythique des monstres japonais, les yuurei et les bakemono... Depuis Juon: the grudge 2, et son équipe de télévision damnée, Shimizu ajoute un élément, la caméra, qui brouille encore plus les frontières, le monde du film et de la fiction étant encore plus sujet au basculement dans le surnaturel.
Shimizu fut l'élève de Kiyoshi Kurosawa (ce dernier hérite d'un petit rôle de professeur de psychologie dans Rinne), et comme lui, travaille la notion de frontières, même si la méthode est assez différente.
Après un Marebito très auteurisant, suivant un caméraman obsédé par la mort (interprété par Shinya Tsukamoto), Rinne est un retour dans l'escarcelle balisée du film d'horreur à la japonaise.
On y suit le tournage d'un film d'horreur, reconstitution de meurtres sanglants commis plusieurs années auparavant dans un hôtel. L'actrice principale est prise d'angoisse quand elle réalise qu'elle a des souvenirs de ces évènements, datant d'avant sa naissance (pas étonnant, quand le titre anglophone est "reincarnations"...)
Le film dans son ensemble sort assez peu des sentiers battus (bruis inquiétants, brusquement stridents, cheveux noirs et petites filles), mais s'autorise quelques détours vers des paysages plus occidentaux comme le Shining de Kubrick, ou le film de zombies. Mais dans le détail, et malgré un dénouement sans surprise, Rinne est une réussite, notemment pour toute sa deuxième partie, qui a défaut d'être limpide, est un délicieux ballet entre souvenirs, reconstitution fictionnelle, film d'époque tourné par le meurtrier, et le monde fantasmatique des âmes errantes hébêtées. Si seulement Shimizu réusissait son The Grudge 2 américain avec la même classe. :)
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